Saint Vital de Savigny et sainte Adeline de Mortain (XIe siècle)
Né au XIème siècle, Saint Vital était issu d’une famille aisée. Cette dernière l’envoya faire ses études dans une école monastique, probablement Saint Étienne de Caen. La piété et la science dont il fit preuve très jeune le firent surnommer le Petit Abbé et remarquer par Robert, comte de Mortain et demi-frère de Guillaume le Conquérant, qui en fit son chapelain.
Dégoûté du monde et de ses intrigues, le jeune chanoine décida au bout de quelques temps de résigner sa charge, de donner aux plus pauvres ses biens et de se retirer dans le désert de Dompierre, paroisse de Mantilly (Orne).
Très vite, de nombreux disciples le rejoignirent. Devant cette foule, le seigneur Raoul de Fougères décida d’offrir à saint Vital la forêt de Savigny. Ce dernier y construisit un monastère qui abrita bientôt 140 religieux. Le rayonnement de ce dernier fut tel qu’il entraîna aussi la fondation d’une quarantaine d’abbayes à travers le royaume de France. Il fonda par exemple l’abbaye de Mortain, qui adopta la règle et l’habit de l’ordre de Citeaux. Cette abbaye fut dirigée par sa sœur Adeline de Mortain, surnommé « l’abbesse de la Blanche », en référence aux habits des moniales.
Appelé à Dompierre pour une affaire importante, Saint Vital y mourut le 16 septembre 1122 et fut inhumé en l’abbaye de Savigny, laissant un héritage spirituel et matériel conséquent.
Extrait de l’article de fondation, rédigé le 25 janvier 1112 :
« Moi Raoul de Fougères {…] considérant avec une sérieuse attention la fin et consommation de toutes choses que les grandeurs du siècle s’effacent… que les couronnes et la gloire même la plus florissante des Rois et des grands de ce monde disparaissent et passent comme les fleurs et les roses, qu’en un mot tout se réduit à rien… […] pour le salut de mon père et de ma mère, de mon fils défunt Guillaume et pour le salut de tous mes barons et généralement de tous mes vassaux morts ou vivants… je donne à Dieu Tout-Puissant ma forêt de Savigny […] Voulons aussi que Henri, notre Roi et duc de Normandie, la Reine son épouse Turgis, l’évêque d’Avranches et généralement tous les chrétiens, de quelque lieu qu’ils soient, soient participants à la récompense que nous en attendons de Dieu.» [1]
Pour aller plus loin :
ALIX Frédéric, Cinquante saints normands : étude historique et archéologique, Caen, 1933.
Bénédictins de Ramsgate (les), Dix mille saints : dictionnaire hagiographique, Brepols, Belgique, 1988.
[1] DURAND de SAINT-FRONT J., L’abbaye de Savigny : ce qu’elle fut, ce qu’elle devint, Saint Hilaire du Harcouët, 1979.
R.M., L’abbaye de Savigny : hier et aujourd’hui, Savigny le vieux - Le Teilleul, juillet 1979.
J. Vadaine, « Saints de Normandie », 1957, p.57