Devant Jésus, condamné à mort, où est Dieu ? — Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

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Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

Devant Jésus, condamné à mort, où est Dieu ?

Depuis des jours, du fond de notre retraite, nous soutenons de notre prière fraternelle toutes les personnes dont l’existence est bouleversée par le mal, en particulier, ceux et celles pour qui vivre dans le confinement est à la limite du supportable. (Mgr Le Boulc'h)

HOMELIE DE MGR LAURENT LE BOULC’H MESSE CHRISMALE - 6 AVRIL 2020 - COUTANCES

Frères et sœurs, nous venons d’écouter les textes de la Parole de Dieu que l’Eglise proclame dans chaque messe chrismale. Le prophète Isaïe, l’évangéliste saint Jean et Jésus nous annoncent tous les trois un étonnant retournement. Dans le livre d’Isaïe, le peuple captif et endeuillé connaît la joie de la libération. Dans l’Apocalypse, ceux qui l’ont transpercé lèvent les yeux vers le Christ des cieux, Vainqueur du mal.

Dans l’évangile, Jésus se présente comme Celui par qui l’Esprit du Seigneur accomplit la promesse de Dieu qui libère les pauvres. Dans la Parole de Dieu se profile alors ce soir la grande libération pascale. Nous recevons cette Parole alors que la pandémie du Covid-19 fait rage dans le monde. Nous savons désormais la terrible épreuve qu’endurent tant de malades et leurs familles, et le courage héroïque dont font preuve les soignants.

Depuis des jours, du fond de notre retraite, nous soutenons de notre prière fraternelle toutes les personnes dont l’existence est bouleversée par le mal, en particulier, ceux et celles pour qui vivre dans le confinement est à la limite du supportable. Portés par l’espérance de la foi en la vie éternelle, nous prions aussi pour tous les défunts. Nous demandons à Dieu la force de tenir bon dans la foi, l’espérance et la charité. Dans un instant, je vais bénir les huiles saintes et le saint chrême. Par le don de l’Esprit Saint, ces huiles deviendront le signe tangible de l’action du Christ Jésus qui, par l’Eglise, prend soin des hommes aujourd’hui.

Frères et sœurs, je sais bien que pour certaines personnes, si durement confrontées au mal en ces jours, un tel acte de foi peut sembler irrecevable. Comment peut-on croire en un Dieu qui prendrait soin des pauvres quand ceux-ci sont touchés de plein fouet par la pandémie qui frappe durement notre monde. Dieu n’est-il pas, aujourd’hui, le grand absent ? Nous entendons ce cri. Nous le recevons. Ce cri, il est présent dans la Bible dans de très nombreux versets des psaumes. Et, cette semaine encore, alors que nous avancerons avec Jésus dans la douleur de sa passion, il passera dans nos prières.

Devant Jésus, angoissé, condamné à mort, flagellé et crucifié, où est Dieu ? Que fait-il ? Mystère de l’absence et du silence apparents de Dieu au cœur du mal. Et cependant, frères et sœurs, au bout de notre semaine sainte, nous entendrons un autre cri. Un cri de joie qui jaillira du tréfonds des premiers disciples de Jésus. Le chant de l’Alléluia qui se lèvera dans l’aube pascale. Ce cri est devenu pour les croyants la preuve suprême que Dieu prend soin des hommes. Christ est Ressuscité ! La promesse de la délivrance des pauvres par Dieu se réalise en Lui. Car Dieu prendra soin des hommes comme il a pris soin du Fils unique, en le ressuscitant d’entre les morts par la puissance de l’Esprit Saint. « A Lui la gloire et la souveraineté », chante l’Apocalypse.

Oui, frères et sœurs, à cause de la Résurrection du Christ, nous croyons que Dieu prend soin des hommes malgré leurs souffrances. La proclamation de ce formidable acte de foi est confiée par Jésus à ses disciples. Il est remis aujourd’hui à l’Eglise qui se voit chargée de témoigner de la bonté de Dieu pour les hommes qu’il délivre dans la foi. Le ministère de Jésus, prophétisé par Isaïe, annoncé ce soir dans l’évangile, est désormais celui que l’Eglise reçoit en son nom : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance… ». Nous le célébrons en cette messe chrismale.

Ce soir, frères et sœurs, notre Eglise reçoit l’huile sainte et le saint chrême de la part de son Seigneur. L’Église reçoit ces huiles comme des instruments que le Christ lui donne pour signifier aux hommes la bonté de Dieu qui prend soin d’eux. Quand l’Eglise bénit l’huile des malades, elle entend l’appel du Seigneur qui l’engage à témoigner de la bonté de Dieu auprès de tous nos frères et sœurs malades, les réconfortant et leur redonnant force spirituelle au nom de Jésus. Quand l’Eglise bénit l’huile des catéchumènes, elle reçoit l’appel du Seigneur qui lui demande de prendre soin des jeunes pousses de la foi. C’est une invitation pour nous, ce soir, à porter dans notre prière nos frères et sœurs dont le chemin initiatique est, cette année, si bouleversé. Nous prions aussi pour tous ceux et celles qui, dans la nuit, cherchent l’espérance de Dieu et attendent de nous accueil et soutien.

Quand l’Eglise consacre le saint chrême, elle entend l’appel du Seigneur qui l’exhorte à prendre soin de la mission que Jésus lui a confiée en fortifiant, par le don de l’Esprit-Saint, les baptisés et les ministres ordonnés. Quand les baptisés reçoivent l’onction d’huile dans la célébration du baptême, quand leurs fronts reçoivent la signation du saint chrême par l’évêque dans le sacrement de la confirmation, ils deviennent, par le don de l’Esprit-Saint, participants aux fonctions prophétique, sacerdotale et royale du Christ. Ils sont donc appelés, eux-mêmes, à annoncer le Christ Jésus, à offrir leurs vies à Dieu et aux hommes, et à incarner l’Évangile dans la vie du monde. La messe chrismale que nous célébrons ce soir nous invite tous, baptisés-confirmés, à renouveler en nous ce don de l’Esprit Saint.

En ces jours de grande épreuve, il nous est bon de nous rappeler l’onction d’huile reçue au jour du baptême et de la confirmation. Baptisés confirmés dans le Christ Jésus, n’oublions pas que nous avons été marqués par le saint chrême. N’oublions pas ce signe de l’Esprit ! Il nous exhorte à prendre soin du monde, au nom du Seigneur Jésus, en priant pour tous les hommes et les femmes dans l’épreuve aujourd’hui, en imaginant pour eux un geste fraternel. Oui, frères et sœurs, portons la marque de l’Esprit dans le rayonnement de notre charité. Dans la liturgie de sa consécration épiscopale, le nouvel évêque reçoit une onction d'huile sur la tête. Dans le rituel d’ordination, tout nouveau prêtre voit aussi ses mains ointes par le saint chrême.

Ces onctions sont signe de l’Esprit Saint qui fortifie les ministres de l’Eglise dans leurs missions de sanctifier le peuple de Dieu. Chers frères prêtres, ce soir alors, en cette messe chrismale, n’oubliez pas que les paumes de vos mains ont été ointes du saint chrême pour prendre soin de l’Église, cette Église qui vous est confiée pour que vous la guidiez dans la douceur et la force de l’Esprit Saint. Frères et sœurs, priez aussi ce soir pour votre évêque afin qu’il n’oublie pas, lui aussi, l’onction d’huile qu’il a reçu dans sa consécration épiscopale.

Prions pour que la sagesse répandue de l’Esprit Saint m’inspire dans l’art de conduire notre Église de Coutances et Avranches pour le rayonnement de l’Evangile de Jésus. Frères et sœurs, unis dans la communion de la prière, demandons ce soir au Seigneur d’envoyer, sur le monde et son Eglise, son Esprit de libération. Que par Lui, disciplesmissionnaires du Christ, nous sachions porter à notre humanité endolorie le baume de l’Evangile de la bonté de Dieu pour les pauvres. Amen