La Passion de Jésus nous unit à toute l’humanité souffrante. — Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

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Paroisse Saint-Vincent-de-Paul de Montmartin

La Passion de Jésus nous unit à toute l’humanité souffrante.

Sur la croix du Golgotha, ce n’est pas seulement au combat d’un homme contre le mal et la souffrance auquel nous assistons, comme tant d’autres dans notre monde. Ce que nos yeux voient en Jésus, élevé de terre, c’est l’immense combat de Dieu Lui-même contre le mal et les péchés des hommes. (texte de Mgr Leboulc'h)

HOMELIE DE MGR LAURENT LE BOULC’H VENDREDI SAINT - 10 AVRIL 2020 - COUTANCES

Frères et sœurs, en ce vendredi saint, l’Église suit pas à pas Jésus sur le chemin de son calvaire. Elle reconnaît dans la Passion du Christ tant d’autres chemins de souffrances et de don de soi vécus par les hommes et les femmes de notre humanité. Depuis les origines et partout dans le monde, ils sont si nombreux à subir le poids du mal. La faim et la misère, la guerre et la persécution, l’injustice et la trahison, le terrorisme et la vengeance, les cataclysmes, les maladies ou les épidémies. En tous lieux et en tout temps, de bien des manières, l’humanité est confrontée à la puissance du mal. Aujourd’hui, elle doit faire face à un virus tueur extrêmement contagieux. Ce soir, la Passion de Jésus nous unit à toute l’humanité souffrante. En Jésus crucifié, nous la portons au Père dans notre prière. Dans la Passion de Jésus, nous reconnaissons les chemins de souffrance vécus par tant d’êtres humains. Et cependant, frères et sœurs, la Passion de Jésus a quelque chose d’unique.

Le chemin de croix de Jésus ne peut se confondre avec aucun autre. Il est incomparable. Saint Jean nous donne de le contempler ce soir. Dans le mystère de Jésus crucifié se joue un drame inouï, jamais connu dans l’histoire de l’humanité, un drame qui ne se répétera jamais plus. Car, frères et sœurs, sur la croix du Golgotha, ce n’est pas seulement au combat d’un homme contre le mal et la souffrance auquel nous assistons, comme tant d’autres dans notre monde. Ce que nos yeux voient en Jésus, élevé de terre, c’est l’immense combat de Dieu Lui-même contre le mal et les péchés des hommes. Sur la croix, Jésus a ouvert en Lui le passage au mal et aux péchés des hommes. Sans y participer lui-même, par amour pour nous, il les a accueillis en Lui.

Et le mal sur Lui, cet absolu refus de l’amour, s’est déchainé jusqu’à l’extrême. Sur la croix, Jésus a ouvert en Lui le passage à l’infinie puissance d’amour qu’est Dieu. Le Fils s’est totalement abandonné à l’Amour de son Père qui a œuvré jusqu’à l’extrême en Lui. Parce que le Christ a laissé le mal et les péchés des hommes prendre place en lui, parce qu’il a laissé tout l’amour du Père venir en Lui, Il est devenu, en sa personne, le lieu d’un formidable combat. Un combat cosmique. Un combat universel, dans lequel Dieu lui-même, de toute la puissance de son Esprit, s’est attaqué au mal radical et aux péchés des hommes pour les anéantir définitivement. Car, telle était la volonté du Père, en finir une fois pour toutes avec le mal et la mort en l’homme.

Mais, frères et sœurs, pour que ce combat advienne pour notre salut, il a fallu que Jésus soit porté par un amour total, absolu. Un Amour sans faille. Il a fallu qu’en Jésus, l’amour d’un frère pour ses frères soit si grand qu’il en devienne capable de prendre sur Lui leur mal et toute sa violence, son injustice et sa misère. Il a fallu qu’en Jésus, l’obéissance d’amour filial au Père soit si grande, que par la puissance de l’Esprit Saint, il accepte de devenir le lieu de la destruction définitivement du mal et de la mort. « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel », écrit l’auteur de l’épître aux Hébreux. Frères et sœurs, sur la croix, nous contemplons, en ce vendredi saint, l’immense amour fraternel et filial de Jésus qui nous sauve.

Devant ce grand mystère, comment ne pas vénérer la croix du Christ ? Comment ne pas adorer Celui qui, librement, dans son sacrifice d’amour pour le Père et ses frères, a fait de l’arbre de la croix l’instrument de notre Salut ? Frères et sœurs, nous méditons ce soir la profondeur du drame qui s’est noué dans la passion de Jésus, jusqu’au paroxysme du dernier instant, quand Jésus prononce dans l’évangile de Jean, la parole ultime : « Tout est accompli », et « qu’inclinant la tête, il remit l’esprit. » Tout est accompli du combat de Dieu contre le mal et les péchés des hommes, qui s’achève dans la mort de Jésus. Tout devient silence. Et cependant, frères et sœurs, l’évangile de Jean annonce déjà la victoire.

La victoire s’annonce dans ce côté transpercé de Jésus d’où sortent le sang et l’eau, signes de la nouvelle naissance dans l’Esprit. La victoire s’annonce dans l’extraordinaire quantité de myrrhe et d’aloès qu’apporte Nicodème au sépulcre, comme une offrande digne du plus grand des rois. La victoire s’annonce dans le tombeau vierge au jardin, préfiguration du premier des passages vers le jardin du paradis retrouvé. Frères et sœurs, c’est dans cette espérance en la victoire du crucifié que nous veillerons cette nuit et demain, dans le silence du samedi saint, avant que jaillisse de nos cœurs, à l’aube pascale, le chant de la victoire définitive de la justice de Dieu dans la résurrection d’entre les morts de Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu, Christ et Seigneur. Amen.