Qui sont les donateurs au Denier ?
L’année dernière, à l’occasion de l’envoi de la lettre à nos donateurs au Denier, nous avons souhaité réaliser une enquête pour mieux vous connaître et orienter nos priorités en fonction de vos attentes et de vos besoins. Vous avez été nombreux à répondre à ce questionnaire et nous vous en remercions. Vous pouvez accéder à ce lien aux résultats de cette enquête réalisée par Altériade, une agence de communication spécialisée dans l’accompagnement des associations et des diocèses. Au-delà des chiffres et des graphiques, cette enquête nous a permis de dégager des axes de réflexion et d’action qu’Olivier Jourdan, économe diocésain depuis juin 2020, partage avec vous dans une interview.
Bénédicte Palluat de Besset : Pourquoi avoir demandé une enquête donateurs ?
Olivier Jourdan : Bien que l’Église ne soit pas une association comme les autres, toute association ou ONG qui fait des appels aux dons réguliers a besoin de connaître ses donateurs et d’être en relation avec eux. Réaliser une enquête, avec des questions ciblées et des champs plus libres, est un moyen d’y parvenir. Certes, il convient d’exploiter les résultats avec un peu de prudence dans la mesure où ils ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble des donateurs. En effet, participer à cette enquête relevait du volontariat et seule une partie des personnes sollicitées a répondu au questionnaire, mais cela nous dit quelque chose de nos donateurs, de leurs attentes et de leurs soucis, et nous aide à nous améliorer, parfois grâce aux remarques fraternelles exprimées dans vos retours. Bref, cela nous aide collectivement à devenir plus chrétiens en toute chose.
BPB : Quelles conclusions avez-vous pu tirer de cette enquête ?
OJ : Nous notons que, pour la plupart de nos donateurs, donner au Denier est une manière de manifester son appartenance à l’Église, au corps du Christ. Le sens spirituel du Don est donc essentiel pour nos donateurs et nous nous en réjouissons. Nous constatons également que les personnes qui donnent au Denier donnent, très souvent également, à d’autres associations. Le profil des donateurs qui ont pris le temps de répondre à cette enquête sont des personnes manifestement conscientes que leurs convictions chrétiennes les incitent à un engagement sociétal et donc à des dons également en dehors de l’Église : vers des associations caritatives et humanitaires notamment.
L’enquête a été reçue au moment des révélations concernant Michel Santier, très connu dans notre diocèse. De nombreux donateurs nous ont fait part de leur choc et de leur désolation à propos de cette affaire et plus généralement à propos du scandale des abus dans l’Eglise. Comme dans de nombreux diocèses, nous notons qu’un certain nombre de donateurs ont décidé de suspendre pour 2022 leur soutien afin de marquer leur colère et leur désaccord face à une gestion de ces affaires jugée insuffisante ou inappropriée. Cela a eu une incidence non négligeable sur les dons.
Enfin, la crise économique que nous subissons actuellement a également un impact sur la possibilité même de donner au Denier pour un certain nombre de personnes.
BPB : Cette enquête vous a-t-elle permis de dégager des orientations pour vos campagnes d’appels aux dons ou pour votre communication avec les donateurs et les catholiques de la Manche ?
Les résultats de cette enquête ainsi que les différentes réflexions que nous avons menées au niveau diocésain ou national nous poussent justement à moins différencier nos campagnes d’appels aux dons de l’ensemble de notre communication diocésaine. Le Denier est entièrement au service de la vie de l’Église et l’un ne va pas sans l’autre, de même que la vie économique fait partie de notre vie personnelle. Saint Luc, lorsqu’il s’adresse aux premières communautés chrétiennes l’explique très bien en disant que les quatre missions d’un chrétien sont : se mettre à l’écoute de la parole de Dieu, prier, participer à l’eucharistie et participer matériellement et financièrement à la vie de l’Église par le partage et par le don.
Concrètement, cela nous invite à travailler notre communication économique de plus en plus en interne et de façon transverse avec les services pastoraux. Cela nous permet également de mieux maîtriser la production de nos supports de communication en privilégiant des entreprises locales et des impressions sur papier recyclé avec des encres écologiques.
Ne bénéficiant d’aucune subvention de l’état, ni de financement du Vatican, rappelons-nous que le Denier est indispensable au fonctionnement de l’institution et du diocèse, et que c’est également et surtout le moyen de soutenir financièrement et concrètement sa paroisse en assurant le traitement des prêtres et les services communs. Le diocèse est l’entité qui permet aux paroisses de vivre et d’exister, le don au Denier est donc une manifestation du soutien à l’Église locale, à une présence chrétienne de proximité. Les différences de sensibilités liturgiques ou spirituelles sont parfois sources de souffrances et de désaccords, mais, n’oublions pas que, le soutien de tous apporté au diocèse est une manière d’œuvrer à l’unité de l’Église.